• 1715

     La terrible réalité s'est imposée à moi que le lendemain matin, quand j'ai enfin repris connaissance. Mon mal de tête était affreux, chaque partie de mon corps était douloureux. Ma vision était floue et j'avais une horrible envie de vomir. J'ai mis un moment avant de rendre compte que j'étais totalement nue sur un lit qui n'était pas le mien, et que mes vêtements étaient roulés en boule dans un coin de la chambre. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre ce qui m'était arrivé. On m'a droguée. On a abusé de moi. Je me suis sentie affreusement mal, et j'ai pleuré de manière incontrolable. Je me suis précipitée pour récupérer mes vêtements et me rhabiller. Je tremblais comme une feuille, j'étais totalement paniquée et désorientée. J'avais du mal à croire ce qui venait de m'arriver. Quelqu'un a profité d'un moment d'inattention pour ensuite se servir de moi comme d'une vulgaire poupée. La veille encore j'étais une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normal, avec des rêves plein la tête qui croyait au grand amour et s'imaginait avoir une première fois merveilleuse avec l'homme que j'aurais choisi. Au lieu de ça, on me l'avait volée sans aucun scrupule. J'étais anéantie, perdue dans ce malheur que je ne méritais pas. Que personne ne mérite, d'ailleurs...

    1715

    Mais le pire est arrivé après. Alors que j'étais seulement en sous-vêtements et que j'essayais d'enfiler tant bien que mal à ma robe que j'avais acheté exprès pour l'occasion, la porte s'est ouverte et deux gars que je ne connaissais pas sont entrés. Ils m'ont souri, ces connards, et m'ont regardé d'une manière qui me répugne encore aujourd'hui, comme si j'étais un simple bout de viande. Je me suis éloignée d'eux aussitôt, totalement effrayée. Ils ont ri, se moquant de ma frayeur, de ma douleur. J'ai alors compris que je n'allais pas rentrer chez moi toute suite, que mon calvaire ne faisait que commencer.

    L'un d'eux s'est tout de même approché de moi, tout en sortant son portable de sa poche. Il m'a montré plusieurs photos de moi nue entrain de me faire passer dessus par plusieurs mecs différents. Voir ces photos m'était insupportable. Mais aussitôt, il m'a menacé, en faisant un odieux chantage. Il m'a dit que si je ne faisais pas ce qu'il voulait, si je parlais à quique ce soit de ce qui s'était passé, il mettrait sans aucun remord les photos sur internet, tout en diffusant le lien aux gens du lycée. L'horreur s'est emparé de moi, et je me suis repliée sur moi-même. J'étais prise au piège, et j'en avais pleinement conscience.

    Je n'avais pas le choix. Je devais faire ce qu'il voulait sans me plaindre, sans en parler à quelqu'un.

    C'est ainsi que je suis devenue leur jouet préféré. C'est ainsi que mon enfer a commencé...

      


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  • 1716

    Il faisait de moi ce qu'il voulait. Il me disait ce que je devais faire, et je me contentais d'obéir. Plus les jours passaient, plus je me haïssais de me laisser faire ainsi. Mais je n'avais pas le choix. C'était ça, ou alors tout le lycée penserait que je suis une fille facile, une salope qui couche avec n'importe qui. Mais plus le temps passait, plus c'était ce que je pensais de moi, à la différence que je ne prenais aucun plaisir à offrir mon corps à ces abrutis en manque. Evidemment, le connard qui me faisait du chantage en a fait profiter ses potes, et aucun d'eux n'avait le moindre respect pour moi. Je n'étais qu'une simple poupée sur laquelle ils pouvaient se "les vider", comme ils disaient si bien. Ils riaient de mon état déplorable, pathétique et pitoyable. Je les haïssais, je me haïssais. Je ne pouvais même plus me regarder dans un miroir sans être répugnée de mon image.

    1716

    Je n'avais plus aucune considération pour moi-même. J'avais l'impression de ne plus être personne, de ne plus être humaine. J'avais peur de chaque nouvelle journée, et je pleurais tous les jours. Tout mon être me révulsait, me faisait souffrir. Il n'y a pas un jour où je ne me suis pas demandée pourquoi je devais subir tout ça. Pourquoi j'étais l'objet de leur bestialité. Pourquoi moi ? Je ne comprenais pas pourquoi ils s'en prenaient ainsi à moi. Je ne les connaissais pas, je ne leur avais rien fait !

    Je me détestais tellement que je ne mangeais presque plus. J'ai rapidement perdu du poid, moi qui avait avant quelques rondeurs. J'étais d'une affolante maigreur et il m'est arrivé de faire des malaises tellement que j'étais affaiblie. Mes parents étaient très inquiets pour moi, mais je refusais de leur parler. Ni même à la psy qu'ils m'avaient forcé à aller consulter. Je m'enfermais dans mon silence et dans ma solitude, m'éloignant sans vraiment m'en rendre compte de mes amis. J'étais terriblement seule, et je souffrais affreusement. Plus le temps passait, plus ma vie, mon existence m'était insupportable.

      


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  • 1717

    Je n'en pouvais plus. Je ne supportais plus cette vie que je menais. Je ne me reconnaissais plus, j'avais l'impression d'être une autre fille, mais pas moi.

    Alors, un jour où mes parents étaient absents, j'ai pris un bain. Un bain très court. Je voulais essayer de me détendre, mais je n'y suis pas parvenue. La vue de mon corps me dégoûtait. Je suis alors rapidement sortie du bain et j'ai vu l'armoire à pharmacie. Je l'ai ouvert, et j'ai pris une boite de médicaments. Je l'ai regardé avec envie. Dans mes mains, j'avais le moyen de mettre fin à mon cauchemar qui durait depuis des mois. Cela me semblait si simple, j'avais juste à avaler plusieurs comprimés, et tout ne serait plus qu'un lointain souvenir. J'étais tentée, et je ne voyais aucune autre solution.

    Mais c'est à ce moment là qu'est arrivée Becky. Elle est entrée précipitemment dans la salle de bain, et m'a pris la boite des mains. Je n'ai même pas réagi. J'étais fatiguée. Fatiguée de me battre. Fatiguée de vivre. Fatiguée de mentir. Fatiguée de souffrir. Sans réfléchir, je lui ai tout avoué. Tout, absolument tout. Tout ce qui me faisait honte. Tout ce qui me faisait tant de mal. Elle m'a écouté, elle m'a soutenue.

    Le lendemain, elle est allée les voir, et ils ont eu le droit à une paire de baffe. Les photos ont fini sur internet ensuite. Mes parents ont connu mon calvaire de cette manière, par internet, et ils ont immédiatement porter plainte.

    Mais il était trop tard, le mal était fait. Je me suis rapidement trouvée toute seule avec ma souffrance, subissant chaque jour le regard des autres. Heureusement, les vacances sont vite arrivées. Mes parents ont alors décidé de déménager avant la rentrée prochaine. Nous avons quitté Phoenix le plus rapidement possible, pour aller vivre à Chicago, à l'autre bout du pays. Loin de ma ville natale. Loin de mon enfer. Loin de ceux qui m'ont détruit.

      


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  • 1718

    Un lourd silence s'installe après que Lisha ait terminé de raconter son histoire. Une histoire dont elle n'avait parlé qu'à Billie jusqu'à aujourd'hui. Cette dernière s'était montrée très compréhensive envers elle à ce moment là, l'aidant ensuite du mieux qu'elle pouvait et en toute discrêtion. Lisha a même pensé que c'est pour cette raison que son amie s'est facilement confiée à elle après son retour à la maison en bois. Elle savait qu'elle pourrait comprendre et ne pas la juger.

    Mais aujourd'hui, elle venait d'en parler à Troy, son petit ami, dont elle estimait qu'il était en droit de savoir. Il l'avait laissé parlé, sans jamais l'interrompre. Il a conservé un visage neutre, sérieux pour chaque partie de son histoire. Mais maintenant qu'elle a terminé, il ne dit plus rien, ne manifeste aucune réaction. Chose qui inquiète la demoiselle, et pas qu'un peu.

    -S'il te plait, dis moi quelque chose... Souffle-t-elle en baissant la tête, alors que Troy se lève soudainement du lit pour faire quelque pas tout en serrant les poings. -Qu'est-ce que tu fais ? L'interroge-t-elle ensuite, intriguée par son attitude.

      


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  • 1719

    -Rien. Soupire-t-il en réponse tout en s'appuyant contre le mur. J'essayais de me calmer pour ne pas m'énerver, c'est tout...

    -Ener... Enervé ? Bredouille la jeune fille qui n'ose pas le regarder. Tu es... énervé ?

    -Lisha, tu m'annonces que des types t'ont violé à multiples reprises, t'ont fait du chantage pour t'utiliser à leur guise et qu'à cause de ça, tu as failli mettre fin à tes jours. Tu croyais quoi ? Que j'allais faire la danse de la joie ? Réplique-t-il alors, pour ensuite respirer un grand coup. Savoir que ces... que ces... ont osé te toucher... te faire du mal... Ca me met hors de moi...

    -Je... Je ne sais pas... Avec tes origines... On ne sait jamais à quoi s'attendre. Avoue timidement Lisha tout en se triturant les doigts avec anxiété.

      


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