Cette lumière blanche a fini par rétrécir, puis à se diviser en cinq petites lueurs. Chacune d'entre elles représentait un Grand Pouvoir.

L'Emotion. La Protection. La Prémonition. La Combustion. L'Illusion.

 Je les regardais planer dans l'air avec un sourire. Elles étaient si belles, et si rassurantes. Elles scintillaient devant mes yeux, m'offrant ainsi un splendide spectacle.

-Allez-y, petites lueurs, allez retrouver vos nouveaux propriétaires. Ai-je soufflé émerveillée par leur beauté.

Ensuite, elles sont montées doucement vers le ciel, toutes les cinq ensemble. Une fois au dessus des arbres, elles se sont séparées, empruntant chacune un chemin différent pour partir loin d'ici, vers des personnes qui prendraient soin d'elles, et les utiliseraient pour faire le bien autour d'eux.  

Alors que je regardais le ciel avec le sourire, heureuse d'avoir réussi, des bruits de pas sur les feuilles mortes a attiré mon attention. J'ai baissé la tête pour regarder devant moi. Une forme sombre s'approchait sans se presser. Elle ne m'inspirait qu'inquiétude et peur. Elle enlevait toute la chaleur des lieux. Mon sourire a disparu quand je l'ai reconnu.

-Miséria. Ai-je dis sur un ton glacial.

-Bonsoir Espérance. M'a-t-elle répondu, avec un calme inquiétant.

J'ai regardé son visage, dont les traits étaient identiques aux miens. Mais son expression était austère et froid à n'importe quel moment de la journée, avec n'importe qui. Alors que moi, mon visage n'inspirait que chaleur et bienveillance. 

Nous avions beau être jumelle, nous étions le jour et la nuit. La chaleur et le froid. Le feu et la glace. L'espoir et le désespoir.

-Tu peux encore changer d'avis. M'a-t-elle dit tout en me scrutant avec méfiance.

-Toi aussi. Lui ai-je répondu, avec le même calme qu'elle. 

-Tu sais bien que cela n'arrivera pas.

-Toi aussi tu le sais.

-Dans ce cas, tu ne me laisses pas le choix. M'a-t-elle assurée, bien que je ne percevais aucun regret dans sa voix.

-On a toujours le choix. Lui affirmai-je, tout en restant à genoux. Je savais qu'il était inutile que je me lève. Tout comme cette conversation servait juste pour alléger la conscience de Miséria.

-Pas quand on veut quelque chose. M'a-t-elle répondu, tout en s'approchant de moi.

-Un jour, tu regretteras tout le mal que tu as causé. Je peux te le promettre.

-Promets ce que tu veux, tu ne seras plus là pour le voir.

Je l'ai regardé avec mépris. Certes, je ne serai plus là pour voir ce qui allait se passer par la suite. Mais j'étais certaine qu'elle allait regretter, qu'un jour, elle allait payer le prix de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle m'a fait.

Telle qu'une ombre dans la nuit, elle s'est approchée de moi. Elle m'a prise par le cou de ses deux mains, et m'a forcé à m'allonger. Elle s'est placée au-dessus de moi, pour pouvoir appuyer davantage sur ma gorge. Je l'ai laissé faire. Je savais que cela ne servait à rien que je tente de me défendre. Je n'aurais fait que de retarder l'inévitable. De toute façon, le rite m'avait épuisée, vidée de toute mon énergie.