J'avais repéré une petite clairière, quelques jours auparavant. Un endroit parfait, suffisament éloigné du château, où elle ne me trouvera pas avant que j'ai terminé.

Je courais, je courais, sans m'arrêter.

Je devais accomplir ce rite. Il était vital. Non pas pour moi, mais pour mon peuple. Je n'avais pas le choix. Elle ne me laissait pas le choix.

Je devais le faire.

En moins de dix minutes de course, je suis arrivée à la clairière. Il n'y avais personne à mon grand soulagement. Pour l'instant, tout se déroulait comme je l'avais prévu. Il n'y avait pas eu d'imprévu. A croire que les éléments étaient de mon côté.

Cependant, j'ai trébuché en arrivant, n'ayant pas vu une racine qui dépassait du sol. Mais cela n'était pas grave. Cela ne m'empêcherait pas de faire ce que je devais faire.

Je me suis placée au milieu de la clairière. Je me suis mise à genoux sur le sol, et j'ai joint mes mains. Je me suis concentrée. Je n'aurais pas de deuxième chance. Je le savais, et quelque part, cela me faisait peur. 

Parce que si je ratais mon coup, j'aurais perdu. Et elle aurait gagné. Et il ne fallait pas qu'elle gagne. Il ne fallait pas que j'échoue. 

Je respirais un grand coup, calmant les battements de mon coeur.

Je respirais un grand coup, pour réciter une formule que je connaissais sur le bout des doigts. J'espèrais que, grâce à elle, je puisse sauver mon peuple. Je me concentrais, et j'ai ouvert ma bouche pour dire d'une voix solennelle et douce :

"Moi qui représente la lumière

Je fais appelle à toutes matières

Pour que les Grands Pouvoirs de Floreria

Partent loin, au delà des forêts, des mers et de la montagne d'Hortensia

Je fais appelle aux Grands Gardiens 

Pour sauver les miens 

Je donne mes pouvoirs, mon être, dans un ultime sacrifice 

Pour qu'ils échappent aux supplices

Que de mes mains apparaissent une lueur 

Pour ne pas que règne la peur 

Que de cette lueur naissent l'espoir 

Et que la lumière transperce le noir."  

Dès la formule prononcée, j'ai senti la terre tremblée sous moi. Une sensation étrange s'est emparé de mon être, comme si quelque chose voulait sortir de mon corps. C'était douloureux, mais nécessaire. Dès cet instant, je savais que ça avait marché. Mais je ne me déconcentrais pas pour autant, puisqu'il fallait que je force les Grands Pouvoirs de mon monde à sortir. Pendant un bref moment, j'ai cru que j'allais m'enfoncer dans le sol. 

Et puis soudain, une forte lumière blanche m'a entourée, éclairant la clairière, se faisant une place apaisante dans la nuit sombre et inquiétante. Je me suis sentie bien, tout d'un coup. Et j'ai su que j'avais fait le bon choix.