Ce chevalet, c'est celle qu'il considère comme sa mère, et dont il n'a plus de nouvelle aujourd'hui, qui lui avait offert lors de son huitième anniversaire. Elle voulait qu'il fasse une activité artistique et lui avait offert des cours de peinture, ainsi que ce chevalet. Il l'a toujours gardé depuis, refusant tout bonnement de s'en séparer. Cet objet est sa seule base stable, puisque tout le reste ne cesse de changer.

Ce chevalet est comme sa maison, sa famille, son moyen d'expression, son mode d'évasion. Qui lui permet de penser à autre chose, rêvant de la vie future qu'il aura, lorsqu'il aura dix-huit ans, où il pourra enfin vivre comme il le souhaite, avoir une vraie vie de sédentaire. Une vie, où il ne sera plus obligé de changer de maison comme de chemise.  

-Alors, tu t'es bien installé ? Lui demande Rodney Macy en entrant dans la chambre, après avoir frappé à la porte. Ou tu veux un peu d'aide ?  

-Non, c'est bon. Lui répond-t-il simplement. Mais merci. Ajoute-t-il ensuite avec un sourire. 

-Tant mieux. Et la chambre, elle te plait ? L'interroge-t-il ensuite, un peu nerveux. Je.. J'espère que tu te plairas ici... 

-Y'a pas de raison. En hausse simplement les épaules Joey, indifférent aux dires de "son père" temporaire. 

-Tu aimes la peinture ? Continue Rodney, essayant tant bien que mal d'entamer une conversation avec l'adolescent. Il me semblait bine t'avoir vu avec un chevalet quand tu es arrivé... Cependant, le pauvre homme n'obtiendra aucune réponse, ce qui le perturbe et le surprend. il ignore si c'est parce que l'adolescent est plongé dans sa peinture, ou s'il n'a tout simplement pas envie de lui parler.

Et cette incertitude ne met pas spécialement à l'aise cet homme d'une quarentaine d'année...

-Euh... Semble-t-il hésité, ne sachant que faire devant cet adolescent qui ne semble pas vouloir lui adresser la parole. Est-ce que... Est-ce que tu as une quelconque allergie, ou quelque chose comme ça ?

-Non.

-Bien, tant mieux alors... Cela ne te dérange pas d'être aussi loin de la ville ? Je pourrai toujours t'y emmener si tu as besoin mais...

-Je m'en fous. Se contente de lui répondre Joey, les yeux rivés sur sa toile, mais avec cependant un ton très calme, sans aucun signe d'agacement.

-Hum... Tu voudrais manger quoi ce soir ? Continue à demander Rodney, de plus en plus embarassé par l'indifférence du jeune homme. Même s'il se doutait que cela n'allait pas être la grande amitié toute suite, il espérait tout de même trouver quelqu'un d'un peu plus locace.

-Comme tu veux.

-Une pizza, ça te dit ? Propose-t-il tout de même.

-Sans anchois, ni champignon. Se contente-t-il de répondre.

-Bien. Bredouille Rodney, n'étant pas tellement à son aise.