Il doit bien avouer qu'il perd peu à peu espoir. Que plus le temps passe, plus il doute de la retrouver en vie, voire même, de la retrouver tout court. Il n'a pas la moindre idée du lieu où elle se trouve, ni même comment elle va. Il ne sait rien. Et cte ignorance lui fait peur, lui fait craindre le pire.

Son coeur se serre, et saigne davantage. Il repense à cette époque qui lui semble si lontaine dorénavant. Celle où elle était là, avec lui. Elle, avec son air innocent et enfantin, ses yeux océan qui pétillaient de joie et de malice. Ses longs cheveux châtains et bouclés. Son visage rayonant de bonheur. Sa voix. Son rire. Sa joie de vivre. Son sourire qui illuminait ses journées. Tout lui manque. Tout. Elle lui manque. Cette fille qui l'a changé. Cette fille dont il s'est rendu compte, trop tard, qu'il en était, qu'il en est, fou amoureux.

Cette fille dont il donnerait n'importe quoi pour la revoir, juste un instant.

Billie Stryder.

Il réfléchit, à tous ces mois passés. Ces mois où il subit son absence. Où il s'inquiète pour elle. Où il a terriblement peur de ne plus jamais la revoir. De ne plus jamais lui parler. De ne plus jamais la toucher. De ne plus jamais l'entendre rire, la voir sourire. Tous ces mois où son coeur ne cesse de saigner, puiqu'elle n'est plus là. Puisqu'elle est en perpétuel danger. Puisque Miséria doit lui faire subir des horreurs. Puisqu'elle n'est peut-être même plus de ce monde, peut-être...

Une possibilité à laquelle il songe, de plus en plus souvent. Une possibilité qui le fait affreusement souffrir, mais qu'il envisage, comme s'il voulait se préparer à cette tragédie...

Il s'avance dans la cour, et s'installe tranquillement sur un tas de foin. Il s'assoit en tailleur, et il soupire. Il reste là, assis. Il écoute le silence, à l'affut du moindre son. Il fixe un point invisible devant lui. Mais il ne fait rien d'autre. Il pense, il réfléchit. Il se fiche du reste, du danger, de la chaleur, de l'éventuelle inquiétude de ses camarades. 

Il s'en fiche, puisque ses songes ne sont occupés que par une seule et unique personne. Les autres ne sont que des points au fin fond de ses pensées, comparés à elle. 

De cette manière, les ruines sont calmes, silencieuses, vides. Un lieu qu'il a retrouvé par hasard, et où il prend plaisir à revenir, quelque fois au début. Puis, il est revenu de plus en plus souvent. Maintenant, il s'y rend tout les jours. Il s'agit comme d'un besoin. Quelque part au fond de lui, il a envie d'y revenir. Quelque chose lui dit qu'il doit y aller. Qu'il trouvera des réponses, ici, entre ses murs de pierres qui résistent au temps, mais qui menacent de s'effrondrer.

Il y a pris ses marques. En quelque sorte, il s'y sent un peu comme chez lui.

Il n'entend plus rien. Seul un silence s'impose à lui. Il se relève, et reprend son chemin, tout en restant sur ses gardes. Il se méfie. Il n'est pas fou, il a bien perçu un bruit, mais ce n'est pas cela qui va l'empêcher de poursuivre sa route. De monter jusqu'en haut. Où il arrive, une demi-heure plus tard. Sans encombre, sans le moindre problème. Il y est arrivé. Aux ruines. Celles où lui, et les autres, ont rencontré le démon qui avait pris l'apparence d'un vieux moine.

Un démon qui n'est plus là d'ailleurs.